la langue, on en parle?

Tout ce qui concerne la pratique des cuivres : la respiration, le masque, la concentration, les méthodes, etc.

rico
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la langue, on en parle?

Message non lupar rico » 22 oct. 2017, 10:07

Bonjour à tous,

Suite à nos récents échanges avec Jack et Sopracouic, le sujet de la langue a été abordé, avec ce constat de "langue trop haute" ou de "langue collée au palais".

Ayant étudié avec assiduité les méthodes Gordon et Reinhardt, m'étant intéressé à l'approche de Pichaureau et Maggio, je comprends très bien cette idée de "regarder sa langue" ou "de faire attention à ce que fait la langue".

Mais il n'y a pas que ces approches qui sont valables, d'autres le sont tout autant, comme Bill Adam ou Arnold Jacobs, qui eux ne se concentrent absolument jamais sur une quelconque partie du corps...

La langue a été désignée par Claude Gordon dans son "Brass playing is no harder than deep breathing" comme étant Le Secret du jeu de cuivres... Quant à moi, je prononce "O" ou "OU" sur toute la tessiture...

Et vous, qu'en pensez-vous ?

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Jack
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Re: la langue, on en parle?

Message non lupar Jack » 22 oct. 2017, 11:46

On y est :lol:

Pour simplifier, ma vision est que la langue sert à l'attaque et à l'aigu.

L'attaque, pour moi, a toujours été un problème. J'ai commencé la musique à 8 ans, dans une fanfare avec des cours donnés par un médiocre clarinettiste. A l'âge de 15 ans, j'ai (enfin) commencé le conservatoire, avec un excellent jeune prof. Nous avons passé 5 ans à corriger mes défauts. L'un étant que je mélangeais la production du son et l'attaque. J'ai mis des années à comprendre que la langue doit être utilisée pour couper le flux d'air, pas pour produire le son !

Mon fils a pris des cours avec le même prof. Les premières leçons étaient de "souffler loin" au travers de l'instrument. Le buzz venait naturellement et au bout de quelques semaines, le son était digne des cornettistes anglais ! La pratique de l'attaque est venue après... mais mon fils a arrêté très (trop) vite.

J'ai arrêté mes études musicales à 21 ans en choisissant de rester amateur. J'ai continuer de travailler ma musique en pratiquant beaucoup dans différents types d'orchestres. A part Gordon je ne connais pas les personnes que mentionne Rico. J'ai beaucoup lu et essayé des trucs, ma méthode est donc très empirique, mais elle fonctionne pour mes productions.

Côté aigu, j'ai toujours eu 2-3 tons de plus que mes collègues, naturellement sans travailler. Maintenant pour assurer certaines notes, je dois bosser spécialement, et là encore la langue participe.

Voici quelques points qui fonctionnent pour moi :
  1. Dans tout échauffement, je fais des gammes avec deux blanches suivies d'une ronde. La première est toujours soufflée et les deux suivants ne sont qu'attaquées en pensant avant tout au flux d'air continu, à un n'interrompre que brièvement le buzz des lèvres.
  2. J'essaie de penser horizontal plutôt que vertical dans mes attaques. Un bon exercice : la 2e étude de Clark d'abord liée puis ensuite attaquée en gardant les mêmes sensations dans la bouche et les poumons.
  3. En analysant un peu plus, je pense Tô et Kô dans le grave, Tou et Kou dans le médium et Ti et Ki dans l'aigu. J'essaie d'être le plus court possible avec les mouvements de langues. Les changements de "voyelles" correspondent pour moi à l'espace entre la lange et le palais. Avec le Ti/Ki, il faut faire très attention à garder une projection de l'air au-delà de l'instrument (penser à éteindre une bougie à 2m) et ne surtout pas focaliser sur la bouche.
  4. Dans l'aigu ma langue se met en voute vers le palais, la pointe sur les dents du bas, pour aider la compression de l'air (autre sujet). Les attaques sont alors produites différemment, par le haut de la voute vers le palais (je crois). Cela intervient naturellement à partir environ du contre-ut en Sib. Je dois me concentrer et faire un effort pour garder le fonctionnement du médium, possible pour moi jusqu'au contre-mi, pas plus haut.
Le passé n'existe plus, le futur pas encore, vivons l'instant présent.

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Re: la langue, on en parle?

Message non lupar Sopracouic » 26 oct. 2017, 19:20

C'est amusant, je suis tombé très récemment sur un échange sur le forum trumpetherald à propos de la langue. David Hickman, grand spécialiste de la trompette piccolo, y disait (ma traduction):

"Arquer la langue est la meilleure façon de jouer avec contrôle, une articulation légère, une capacité de de pianissimo etc dans l'ambitus symphonique normal du fa# grave au contre-sol. Cela permet au trompettiste de ressentir et contrôler ce que j'appelle les "points focaux" de compression de l'air à l'intérieur de la bouche. [NDT: probablement des points de dépression en fait, à cause de l'effet Venturi -- mais ce n'est pas l'essentiel]
Si l'on ressent le point focal à l'arrière de la bouche, on parle un peu comme Darth Vador. Cela crée un son très mat/sombre. En arquant un peu l'arrière de la langue, on bouge le point focal au milieu de la bouche, comme quand on chante AAA dans le médium. Pour jouer dans l'aigu comme sur la piccolo, arquer la langue un peu plus pour créer un sifflement aigu à l'avant de la bouche. Ceci permet de jouer de manière brillante et sans effort le registre aigu des concertos de Telemann, Bach etc. Pour monter encore plus haut et plus fort, il FAUT baisser un peu l'arrière de la langue (pour dégager la gorge) mais monter l'avant de la langue. Si on le souhaite, cette langue élevée à l'avant peut pousser sur la lèvre inférieure pour passer à une embouchure TCE (tongue-controlled embouchure) pour jouer encore plus haut."

A essayer à la maison ;-)

En tout cas, ce qui est certain c'est que la position de la langue change les résonances du conduit vocal (c'est comme ça qu'on produit les voyelles). Donc dans un système de résonateurs couplés comme l'est trompette + colonne d'air, la position de la langue change beaucoup de choses, et au doigt mouillé je dirait qu'elle doit permettre une adaptation d'impédance.
Mon interprétation du conseil d'Hickman, c'est quand on monte dans le suraigu où les pics d'impédance sont beaucoup plus discrets, voire s'effondrent, un autre mode de jeu se met probablement en place ou le contrôle de ces résonances n'a plus d'intérêt, mais où il faut trouver un moyen de faire vibrer les lèvres à haute fréquence (pincer/comprimer...éventuellement en s'aidant de la langue dont la position a moins d'importance).

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Re: la langue, on en parle?

Message non lupar Barems » 28 oct. 2017, 15:01

Personnellement, ma langue se rapproche du palais au fur et à mesure que je monte dans l'aigüe et mes attaques passent du tou-kou tou-kou dans le médium à di-gi di-gi dans l'aigüe

J'ai eu une période où j'ai essayé tout type de voyelle et consonne dans mes attaques puis j'ai laissé faire et c'est en oubliant cette question des attaques que je me suis senti le plus à l'aise.

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Re: la langue, on en parle?

Message non lupar rico » 26 nov. 2017, 09:16

Salut à tous les trois,

Pour ma part, j'ai beaucoup étudié ces différents placements de langues, ainsi que les différentes voyelles correspondant aux différents registres de l'instrument.

En étudiant notamment Gordon, un héritier de Maggio et Clarke, j'ai appris à placer et à arquer ma langue (tongue level exercises, méthode en français), et j'ai travaillé assidûment la "Systematic approach", seul d'abord puis suivant les conseils de mon prof de l'époque, un élève de Claude Gordon.

Malgré tous ces efforts, je n'ai gagné pas même un demi ton. Je suis resté au contre fa# sur ma trompette sib pendant plus de dix ans, et j'étais incapable de triller à l'aigu malgré les ta-i-a-i... Cela ne veut pas dire que cette méthode ne fonctionne pas, mais plutôt qu'elle ne marche pas avec tout le monde.

La personne grâce laquelle j'ai débloqué et étendu mon registre, c'est Bobby Shew, en travaillant sa technique de respiration.

Aujourd'hui, mon jeu est essentiellement basé sur les approches de Bill Adam (notamment) et Arnold Jacobs, avec un soupçon de Caruso, Reinhardt et Bobby Shew. Je me concentre exclusivement sur un son riche, beau et libre et prononcé en prononçant des tou, dou, kou,gou,lou. J'aime bien cette voyelle ou, relativement ouverte... Des trompettistes tels que Reinhold Friedrich ou Wayne Bergeron utilisent aussi ce style de prononciation(o, a) sur toute la tessiture avec succès.

Très bon weekend,
Éric

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